Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/107

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cordé une impunité absolue ? Quel grand homme n’a pas été ou ne s’est pas cru destiné à l’illustration des revers ? César meurt assassiné dans le Sénat. Sylla s’étonne et s’épouvante de la constance de son bonheur : il abdique. Charles-Quint prend ombrage de sa propre puissance : il se fait moine. La destinée des âmes vraiment fortes n’est pas de rester au faîte jusqu’à la fin, mais de tomber avec éclat. Qu’on me montre un homme qui ait su se créer de nombreux obstacles et d’implacables ennemis quand les obstacles auront épuisé tout son vouloir et que ses ennemis l’auront foulé aux pieds, je saluerai son génie, et j’admirerai quelle force il lui a fallu pour se former un tel malheur.

La dynastie des Bourbons avait un ennemi de moins. La cour se trompait cependant, si elle crut pouvoir se réjouir. Napoléon vivant, toute autre candidature que la sienne était impossible. Napoléon mort, les prétendants se pressèrent dans la carrière obscure des conspirations. Il y eût un parti pour Napoléon II, un parti pour Joseph Bonaparte, un parti pour le prince Eugène ; et la couronne fut mise à l’encan par une foule d’ambitions ténébreuses et subalternes. Ce fut alors qu’on vint offrir à Lafayette, de la part du prince Eugène, la somme de cinq millions, pour couvrir les premiers frais d’une révolution en faveur du frère de la reine Hortense. Cette proposition, qui ne fut ni acceptée ni repoussée par Lafayette, donna lieu, plus tard, à son voyage en