Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/123

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monde. Le chef militaire du complot, le général Berton, avait dû, en fuyant de Saumur, y laisser son uniforme. Dans les révolutions, rien ne vaut que par des apparences : les conjurés le savaient. Ils firent à la Rochelle, pour se procurer un uniforme de général, des tentatives qui furent vaines, et qui alors n’étaient pas sans danger. Il fallut envoyer à Saumur. Mais l’envoyé ne reparut que dans la soirée du 19 mars. Les sergents Raoulx, Goubin et Pommier, depuis long-temps soupçonnés, avaient été arrêtés dans la matinée et jetés dans une prison sur la route de l’échafaud.

Cependant le 20 mars à la pointe du jour, trois hommes montaient dans une barque et se dirigeaient vers l’île d’Aix. « La frégate, dit le patron de la barque, n’a pas dû aisément franchir les passes cette nuit. — De quelle frégate parlez-vous, s’écrièrent les trois passagers, à peine maîtres de leur émotion ? — De celle qui était destinée au Sénégal. » À ce coup inattendu, MM. Berton, Dentzel et Flotard se regardèrent en silence. Il ne leur restait plus qu’un espoir.

Dans l’île d’Aix, Berton et Dentzel furent reconnus par le commandant mais, loin de les dénoncer, il les accueillit avec amitié ; et comme ils parlaient de pousser leur course jusqu’à l’île d’Oléron, où restaient encore cinq cents hommes : « Gardez-vous-en bien, leur dit le commandant vous y seriez fusillés sur place. » Ils apprirent alors que,