Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/131

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Villèle avaient cherché à négocier entre les cortès et Ferdinand VII une réconciliation qui aurait eu pour base la consécration d’une Charte espagnole faite à l’image de la Charte française ; et M. de Villèle avait écrit dans ce sens à M. de Lagarde, notre ambassadeur à Madrid. C’était bien mal juger les nécessités du moment.

Qu’importait au parti religieux et féodal qui dominait, la situation politique de l’Espagne, envisagée au point de vue de la nation espagnole ? Le parti féodal désirait la guerre pour lui-même ; il la désirait pour que ses ennemis de France fussent convaincus de folie ou frappés de terreur.

Quant à M. de Chateaubriand, ses vues étaient plus élevées, et son désir encore plus fougueux, plus absolu. M. de Chateaubriand avait accompagné M. de Montmorency au congrès de Vérone ; il y avait étudié les dispositions des souverains ; il savait qu’en se prononçant pour l’intervention en Espagne, l’Autriche et la Prusse ne faisaient, que suivre l’impulsion qui leur était imprimée par l’empereur de Russie ; il savait que l’empereur de Russie, de son côté, ne demandait cette intervention que par orgueil, et pour que sa main restât dans toutes les affaires de l’Europe. Mais M. de Chateaubriand aurait vu avec un regret mortel des bataillons russes fouler la vieille-terre de Charles-Quint. Il voulait faire de la guerre d’Espagne quelque chose de français. Serviteur des Bourbons, le