Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/135

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discussion de la septennalité, lorsque son collègue de l’intérieur, M. de Corbière, le pria de lui céder la tribune. Et le lendemain, dimanche de l’Assomption, M. de Chateaubriand, qui se trouvait au château, y reçut, des mains de M. Pilorge, son secrétaire, un billet ainsi conçu :

« M. le vicomte, j’obéis aux ordres du Roi, et je vous transmets l’ordonnance ci-jointe :

Le sieur comte de Villèle, président de notre conseil des ministres, et ministre secrétaire d’État au département des finances, est chargé par intérim du portefeuille des affaires étrangères, en remplacement du sieur vicomte de Chateaubriand. »

M. de Villèle ne pouvait pas faire un plus brutal essai de son influence. Après avoir éconduit successivement M. de Montmorency et le duc de Bellune, il compromettait dans la destitution injurieuse d’un homme illustre la dignité de la couronne. Il resta sans rival dans le conseil. Mais dans la chambre il avait des maîtres.

Cette domination de la chambre, une circonstance vint qui la rendit absolue. Le 6 septembre 1824, les princes et plusieurs grands officiers se trouvaient réunis au château et paraissaient dans l’attente. Tout-à-coup, la porte de l’appartement s’ouvrit, et une voix cria : « Le Roi, Messieurs. » Ce fut Charles X qui entra Louis XVIII venait d’expirer.