Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/14

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triomphateurs fameux, que sont tous ces fiers distributeurs d’empire ? Le peu qu’ils pèsent se voit mieux encore à leurs prospérités qu’à leurs revers. Le dix-neuvième siècle nous montre un monarque plus malheureux, plus humilié que Charles X. Et ce monarque, c’est l’empereur Alexandre, sans qui Charles X n’aurait jamais régné.

La puissance de cet empereur était grande, assurément, et formidable.

Il avait conduit la paix de capitale en capitale. Il avait gouverné souverainement les congrès et présidé des assemblées de rois. Il lui fut même donné de voir pâlir devant sa fortune celle d’un homme supérieur à César. Eh bien, il semblait qu’il n’eût été élevé si haut que pour mieux donner sa faiblesse en spectacle. Dévoré de mélancolie, il visita de lointains pays sans pouvoir s’éviter, et se mêla, pour étourdir ses vagues douleurs, à toutes les agitations de son temps. À Paris, où l’avait poussé le sort des batailles, on le vit surpris et presque effrayé de la grandeur de son destin, et il reprit la route de ses états, tout plein de la tristesse de ses triomphes. Pourquoi cette tristesse était-elle devenue si poignante sur la fin de sa vie ? Qu’avait-il à s’agenouiller le soir au fond des cimetières ? Quelles pensées le poursuivaient dans les promenades solitaires de Czarskoë-Selo ? La mort tragique de Paul Ier avait-elle laissé dans son esprit troublé quelqu’ineffaçable image ? On le crut. Peut-être ne