Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/146

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à quoi se réduisait l’héritage laissé à M. de Martignac ?

Le Roi s’était hâté de dire à ses nouveaux ministres : « Le système de M. de Villèle est le mien », et la chambre se hâta d’écrire dans son adresse que le système de M. de Villèle était déplorable. Toute l’histoire de la Restauration se trouve dans ce simple rapprochement. Comment empêcher la chambre, qui avait la force, de vouloir l’exercer ? Et comment empêcher le chef de l’État de s’écrier, sous l’injure, comme fit Charles X, à la lecture de l’adresse : « Je ne souffrirai pas qu’on jette ma couronne dans la boue ? » Que restait-il donc à tenter ? S’associer complètement au pouvoir électif ? M. de Martignac ne le pouvait qu’en déclarant la guerre à la royauté. Servir la royauté selon son vœu ? Il ne le pouvait qu’en déclarant la guerre à la chambre. Combiner ces deux sortes d’assujétissement, et pour gouverner, être deux fois esclave ? Il l’essaya.

Et, avant tout, il est à remarquer que les circonstances semblaient favoriser le succès de ce rôle conciliateur. À mesure qu’elle était entrée plus avant dans l’exercice du pouvoir, la bourgeoisie avait perdu de sa turbulence. Elle veillait même avec une certaine Inquiétude au salut de la royauté, depuis qu’elle se sentait en mesure de l’asservir. Les cours royales qui, sous le ministère Villèle, avaient opposé aux procès de tendance des acquittements systémati-