Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pects. Mais ce qu’il perdit, le principe de liberté le gagna, et d’autant plus sûrement qu’il fut tour à tour invoqué par tous les partis contraires, ses ennemis lorsqu’ils se sentaient vainqueurs, ses protégés lorsqu’ils étaient vaincus. Il y eût ainsi, en dépit de ce mouvement général de dissolution que nous avons signalé, un certain ensemble dans les attaques de la bourgeoisie, surtout vers la fin de la Restauration. Le parti libéral qui n’avait obéi d’abord qu’à d’aveugles instincts, avait fini par se discipliner sous la direction de quelques hommes studieux appelés doctrinaires ; et les résultats de ce concert dans la négation et la haine prouvèrent, du moins, ce qu’on pourrait attendre d’un accord fondé sur des idées de fraternité et de dévouement.

Disons tout : le libéralisme, par l’abus même de son principe, prépara une réaction qui contenait en germe le saint-simonisme et d’où sortirent les différentes écoles sociales dont nous aurons à suivre la marche. Les conquêtes qu’il fit faire à l’esprit d’examen et qui n’engendrèrent d’abord qu’une critique systématique, sans portée et sans profondeur devaient plus tard ouvrir carrière à des études hardies et fécondes. Enfin, si l’impulsion donnée au génie industriel, éveilla trop fortement la cupidité dans les âmes, et fit oublier en même temps que les traditions de la grâce et du bon goût, les devoirs les plus impérieux de l’humanité, elle influa favorablement, d’autre part, sur le progrès des scien-