Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/166

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ment du commerce de ses sujets. La Hollande, n’avait pas oublié qu’en 1808, son consul à Alger, M. Frassinet, avait été mis insolemment à la chaîne, par ordre du bey, pour un léger retard dans le paiement du tribut accoutumé. Seule, l’Espagne semblait inquiète, des accroissements possibles de notre puissance, qui allait se rapprocher d’elle. Mais on n’avait rien à craindre de l’Espagne : son rôle diplomatique en Europe n’avait cessé de s’amoindrir depuis le jour où Charles-Quint s’était enseveli vivant dans le monastère de Saint-Just.

Charles X avait, d’ailleurs, un intérêt pressant à résister aux injonctions de l’Angleterre. On n’eut pas de peine à lui faire comprendre que les embarras de sa politique intérieure exigeaient une diversion éclatante : que la monarchie, qui commençait à chanceler sous les coups répétés du libéralisme, voulait être défendue avec passion et que l’éclat d’une récente conquête rendrait moins périlleuse une atteinte aux libertés publiques.

La monarchie, en effet, s’était créé en France une situation violente et désespérée. C’était toujours entre le pouvoir du roi et celui de l’assemblée, cette lutte inévitable et terrible qui s’était terminée au 10 août pour Louis XVI, et pour Napoléon, le lendemain de Waterloo. Quinze ans d’essais divers n’avaient rien changé à cet antagonisme nécessaire entre deux pouvoirs opposés. Le 2 mars, Charles X adressait à la chambre, nouvellement convoquée, ces paroles solennelles : « Je ne doute point de votre concours pour opérer le bien que je veux faire. Vous repousserez avec mépris les perfides