Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du reste, les préparatifs étaient immense et l’appareil magnifique. L’armée, composée de trois divisions, que commandaient les lieutenant-généraux Berthezène, Loverdo et d’Escars, s’élevait plus de 37,000 hommes, y compris un régiment de chasseurs et détachement du corps du génie, sous les ordres du baron Valazé. La flotte comprenait 103 bâtiments de guerre, montés par 27,000 marins, 377 bâtiments de transport, et environ 225 bateaux ou radeaux. L’Angleterre nous ayant menacés, on s’était préparé à repousser vigoureusement ses attaques, le cas échéant. Les marins témoignaient la plus vive ardeur ; l’amiral qui les commandait était brave, expérimenté. On comptait, pour le reste, sur la fortune de la France.

Voici tout ce que tenta l’Angleterre. Sur ses instigations, la Porte, usant de son droit de suzeraineté, résolut d’envoyer à Alger un pacha chargé de saisir le dey, de le faire étrangler, et d’offrir à la France toutes les satisfactions qu’elle pouvait désirer. C’était enlever tant prétexte a l’expédition. Tahir-Pacha partit donc pour Alger sur une frégate fournie par les Anglais. Mais le ministre de marine prévenu à temps, avait ordonné à la croisière française d’interdire au pacha l’entrée du port. La frégate qu’il montait ayant rencontré un petit batiment commandé par l’enseigne Dubruel, cet intrépide officier déclara résolûment qu’il ne laisserait passer la frégate qu’après s’être fait couler bas. Tahir-Pacha n’osa poursuivre sa route, fut joint par la flotte française, et envoyé à Toulon. Là vinrent aboutir les menaces du cabinet de Saint-James.