Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/207

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d’opposition qui, en Angleterre, avait commencé par la résistance de Hampden pour aboutir au supplice de Charles Ier. Car c’est un des traits caractéristiques de la bourgeoisie française au 19e siècle d’avoir toujours copié les procédés de l’Angleterre sans les comprendre.

Dans cette réunion s’étaient glissés des hommes ardents ; quelques mesures violentes y furent proposées. M. de Schonen y montrait une exaltation singulière, et ses discours, entrecoupés de sanglots, remuaient profondément l’assemblée. M. Thiers, de son côté, cherchait à calmer cette effervescence. S’adressant aux plus fougueux, il leur demandait où étaient les canons qu’ils opposeraient à l’artillerie royale, et s’il leur suffirait pour sauver la liberté, de présenter aux balles des Suisses leurs poitrines découvertes. Mais cette timidité était condamnée, et par ceux qu’animait un enthousiasme sincère, et par ceux qui, craignant de s’être mis trop en avant, ne songeaient plus qu’à brouiller toutes choses, pour se faire oublier et disparaître en quelque sorte derrière le chaos.

Pendant ce temps, quelques députés, réunis chez M. de Laborde, s’y essayaient l’audace. Le, cri aux armes avait retenti ; « il s’agit d’un nouveau jeu de Paume », disait M. Bavoux ; et M. Daunou ajoutait qu’il fallait recourir à l’appel au peuple. M. Casimir Périer parut tout-à-coup. Il venait, non pour pousser au mouvement, mais pour l’arrêter, s’il était possible. Il dit que la chambre avait été dissoute que, par conséquent il n’y avait plus de députés, depuis que le Moniteur avait paru ; qu’après tout, les fai-