Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/249

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pousser à une révolution énergique, il fallait leur faire peur. Aussi, en arrivant chez M. Audry de Puyraveau, les députés trouvèrent-ils la cour de l’hôtel remplie d’une foule bruyante et animée. Quelques jeunes gens essayèrent de s’introduire dans la salle de délibération : ce fut en vain ; mais cette salle était au rez-de-chaussée, les fenêtres étaient ouvertes : il fallut délibérer sous l’œil du peuple. M. Mauguin prit le premier la parole. « C’est une révolution que nous avons à conduire, dit-il ; entre la garde royale et le peuple nous avons à choisir. » Ces mots firent tressaillir MM. Sébastiani et Charles Dupin, qui s’écrièrent vivement : « Restons dans l’ordre légal ! » M. de Lafayette se mit à sourire avec dédain ; et, pendant que M. Guizot proposait à ses collègues d’intervenir dans l’insurrection comme médiateurs, on apporta la fausse nouvelle que l’Hôtel-de-Ville venait de tomber au pouvoir du peuple. Ce fut alors qu’au milieu de cette assemblée, en proie à une double terreur, M. Guizot se leva, tenant à la main un projet de protestation, conçu en ces termes :

« Les soussignés, régulièrement élus à la députation par les collèges d’arrondissements et de départements ci-dessous nommés en vertu de l’ordonnance royale du……, et conformément à la Charte constitutionnelle et aux lois sur les élections des……, et se trouvant actuellement à Paris, se regardent comme absolument obligés par leur devoir envers le roi et la France de protester contre les mesures que les conseillers de la couronne, trompant les intentions du monar-