Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/29

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assaillants ? Il aurait donc fallu que la population civile de Paris s’armât pour la défense de ses foyers ? Rien de semblable n’eût lieu. Les hommes en veste, les hommes en haillons, voilà ceux qui se montrèrent prêts à combattre, prêts à mourir. Et ils n’avaient rien à défendre, ceux-là ! Mais les banquiers, les manufacturiers, les marchands, les notaires, les propriétaires de maisons, voilà ceux qui applaudirent à l’entrée des alliés. Oui, — et j’écris ceci, la rougeur sur le front, puisqu’enfin c’est de mon pays que je parle, — oui, le nombre fut petit des hommes qui, dans la bourgeoisie, ne songèrent alors qu’à saisir une épée. Depuis, je le sais, la bravoure de la garde nationale, en 1814, a été célébrée en termes pompeux. On a fait de la butte Montmartre le théâtre d’exploits immortels ; la barrière de Clichy a fourni à la peinture une page émouvante. Mais l’histoire, qui plane au-dessus des mensonges de parti, et qui juge les nations endormies pour jamais, l’histoire dira qu’en 1814, Paris ne voulut pas se défendre ; que la garde nationale, à l’exception de quelques gens de cœur, ne fit pas son devoir ; que la bourgeoisie, enfin, à part un petit nombre d’écolier valeureux et de citoyens dévoués quoique riche, courut au-devant de l’invasion.

Aussi lorsque le colonel Fabvier qui, sur l’ordre du maréchal Marmont, s’était placé aux barrières pour voir défiler l’armée ennemie et juger de sa force, lorsque le colonel Fabvier, le lendemain du