Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la fureur de la multitude. Le commandant Roux et M. Durand, orateurs de la pacification de Paris se virent bientôt entourés d’une foule ardente qui demandait leur mort. Ils furent sauvés par l’Intervention de MM. Gérard et Bérard qui les conduisirent chez M. Laffitte, sous prétexte de les y faire juger.

Pendant ce temps, une colonne d’insurgés débouchait dans la rue de la Paix par la rue Neuve-Saint-Augustin. Un courageux citoyen, M. Froussard, la précédait et arrivait en courant, son fusil en bandoulière et un pistolet dans chaque main. Après avoir menacé le général Wall, il s’adressa militairement aux troupes, les conjurant de se rappeler leur origine, et que leurs ennemis, dans cette horrible lutte, c’étaient leurs frères. Profitant de l’hésitation des soldats, plusieurs hommes du peuple s’étaient peu à peu approchés des rangs, et du sein de cette foule animée sortaient mille exhortations énergiques ou touchantes. Bientôt l’entraînement devint irrésistible, et les soldats répandus le long de la rue de la Paix mirent leurs crosses en l’air. Casimir Périer, qui se trouvait alors chez M. Noël, son notaire, dans une maison située à l’angle de la rue de la Paix et de la rue Neuve-Saint-Augustin, aperçoit d’une fenêtre le mouvement de la garde ; il descend rapidement, se fait reconnaître, et au milieu des cris dont on salue sa présence, un capitaine brise son épée.

Casimir Périer comprit bien alors de quel côté penchait décidément la fortune, et il se rendit en toute hâte chez M. Laffitte. A peine était-il arrivé,