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Rome et celles de Carthage : Napoléon succomba et dût succomber sous l’effort de la partie carthaginoise du peuple français.

Mais si le nécessaire développement de la bourgeoisie appelait le renversement de l’empire, il appelait aussi l’avènement des Bourbons. Pour le prouver, nous avons besoin de rétablir, dans toute la naïveté instructive de ses détails, l’histoire de cet avènement, que tant d’historiens ont altérée.

Transportons-nous à l’époque où les diplomates de la coalition étaient réunis à Châtillon-sur-Marne. Qu’allaient-ils faire du sort de la France ? La France était trop indispensable au monde, pour qu’ils pussent songer sérieusement à s’en partager les lambeaux. D’ailleurs, il lui restait encore, dans ses désastres, son Empereur et son désespoir. Mais, à part cette crainte, la France morte avait pour les peuples quelque chose de plus effrayant que la France trop pleine de vie.

Il est des peuples nécessaires.

Les rois étrangers le comprenaient. Aussi avaient-ils eu soin, en mettant le pied sur notre sol, d’affirmer à la face des nations qu’ils venaient faire la guerre, non pas à la France, mais à l’Empereur. Renverser Napoléon, affaiblir la France, là se bornait leur audace, sinon leur cupidité.

Et ils sentaient si bien la nécessité de toucher avec respect à une telle proie, qu’ils s’accordaient tous à dire que, pour le choix d’un gouvernement