Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/316

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de Choiseul publia une proclamation qui se terminait de la sorte : « Maintenant que la victoire n’est plus incertaine, il est de ma conscience de déclarer que jamais je n’ai fait partie du gouvernement provisoire ; que jamais la proposition ne m’en fut faite. J’ai accepté en silence tous les dangers à l’heure du combat : je dois hommage à la vérité à l’heure de la victoire. » Cela fut admiré.

Cependant l’armée royale, forcée d’abandonner la capitale, avait continué vers Saint-Cloud son mouvement de retraite. Mais chaque bataillon suivait sa route, pour ainsi dire au hasard. Les bataillons suisses, une partie du 3e bataillon de la garde, le 15e léger, et des détachements du 1er de la garde, prirent le chemin du Cours-la-Reine et du quai de Chaillot. A Chaillot, il y eût encore des victimes. On voyait des enfants paraître inopinément à l’angle des rues et faire feu sur les troupes avec une fureur que rien n’expliquait. Là périt un des plus élégants et des plus braves officiers de la garde, M. Lemotheux. Nul n’avait plus énergiquement que lui désapprouvé les ordonnances, et il se préparait à notifier sa démission. Il tomba mort, atteint par une balle que venait de lancer la main d’un insurgé de dix ans. D’autres officiers reçurent des coups mortels ; un d’eux fut sur le point d’être fait prisonnier. Séparé de son régiment, il dût passer la nuit à Chaillot d’où il s’enfuit déguisé le lendemain. Le désintéressement et la grandeur du but peuvent seuls absoudre ceux qui donnent aux peuples la soif du sang, car elle a quelque chose d’épidémique. La révolution du juillet fut, même