Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/324

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larmes aux yeux en parlant de Charles X. « Les ordonnances sont retirées, dit-il, et nous avons de nouveaux ministres. — Il fallait se décider plus tôt, répondit M. Laffitte. Aujourd’hui… — Les intérêts sont les mêmes. Sans doute ; mais les situations sont changées. Un siècle s’est écoulé depuis vingt-quatre heures. » M. Bertin de Vaux était là. Il crut comprendre qu’il s’agissait d’une transaction, et il s’écria joyeusement : « On pourra donc enfin négocier ! » Ces mots, répandus dans la foule qui encombrait l’hôtel, y produisent l’agitation la plus violente. Quelques hommes du peuple étaient étendus, couverts de poussière et brisés par la fatigue, sur les sièges de la salle à manger. Un d’eux ouvre brusquement la porte qui séparait cette salle de l’appartement où se trouvaient MM. d’Argout et Laffitte fait résonner son fusil sur le parquet, et d’une voix terrible : « Qui ose ici parler de négocier avec Charles X ? — Plus de Bourbons criait-on en même temps dans le vestibule. — Vous les entendez, dit M. Laffitte. — Ainsi, vous n’écouteriez aucune proposition, répondit M. d’Argout. — Votre visite est-elle officielle ? — Officieuse seulement mais si elle était officielle ? — Alors comme alors. » M. d’Argout sortit. Le Louvre était pris : la cause de Charles X était perdue.

Ce soir-là, M. Laffitte reçut aussi la visite de M. de Forbin-Janson, qui venait demander un sauf-conduit pour M. de Mortemart, son beaupère. M. de Mortemart fut attendu jusqu’à minuit, il ne vint pas.