Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/33

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parce qu’il avait cessé d’être employé par lui. Bonaparte l’aurait toujours compté au nombre de ses partisans, s’il se fut toujours borné à le mépriser.

Aussi M. de Talleyrand n’apportait-il aucune passion dans les changements qui se préparaient. Le gouvernement d’une femme ignorante et faible ouvrant une belle perspective à l’égoïsme de cette âme incapable de haine et d’amour ; ce qu’il désirait, c’était la régence de Marie-Louise. Pour ce qui est des Bourbons, il y pensait à peine ; car peu de temps avant le 31 mars, il disait à la duchesse de Vicence : « A l’Empereur, je préférerais tout, même les Bourbons. » Du reste, il ne se prononçait pas, et faisant passer sa réserve pour de la profondeur, il vivait, en attendant, de la bêtise humaine. Ce fut tout son génie.

Il y avait alors, à Paris, un homme que n’avaient encore visité ni la renommée, ni la fortune, mais qu’attendait une célébrité orageuse. Plein de pénétration et d’audace, habile surtout à déguiser sous des manières de grand seigneur un esprit naturellement agressif, le baron de Vitrolles aspirait au rétablissement des Bourbons. Il s’en ouvrit au duc d’Alberg avec lequel il était lié et dont il séduisait par une sorte de pétulance révolutionnaire l’imagination mobile.

Le salon de M. de Talleyrand était sans nouvelles. Ce que pensaient, ce que voulaient les alliés, M. de