Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/344

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dans la maison d’un simple particulier, ils convinrent de se réunir vers le milieu du jour au palais législatif. C’était bien comprendre la situation. Le pouvoir n’a jamais plus de prestige que le lendemain des perturbations violentes et subites ; car, ce qui étonne et embarrasse le plus les hommes rassemblés, c’est de se voir sans maîtres.

Toutefois, on ne pouvait donner la couronne au duc d’Orléans sans savoir jusqu’où irait, au besoin, l’essor de son ambition. On lui avait déjà expédié quelques messages. La lettre suivante[1], écrite au château de Neuilly le 30 juillet, à trois heures et quart du matin, par un des messagers que M. Laffitte, la veille, avait envoyés au prince, donnera une idée des dispositions où l’on se trouvait à Neuilly :

« Le duc d’Orléans est à Neuilly avec toute sa famille. Près de lui, à Puteaux, sont les troupes royales, et il suffirait d’un ordre émané de la cour pour l’enlever à la nation, qui peut trouver en lui un gage puissant de sa sécurité future.

On propose de se rendre chez lui au nom des autorités constituées, convenablement accompagnées, et de lui offrir la couronne. S’il opposait des scrupules de famille ou de délicatesse, on lui dira que son séjour à Paris importe à la tranquillité de la capitale et de la France, et qu’on est obligé de l’y mettre en sûreté. On peut compter sur l’infaillibilité de cette mesure. On peut être certain, en outre, que le duc d’Orléans ne

  1. Cette lettre, publiée dans le Mémorial de l’Hôtel-de-Ville, est encore entre les mains de M. Hippotyte Bonnetier.