Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/350

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Un seul membre siégeait sur les bancs réservés aux défenseurs de l’antique monarchie : c’était M. Hyde de Neuville. Il se leva, et d’une voix attristée, il demanda qu’une commission, composée de pairs et de députés, fut chargée de proposer des mesures propres à concilier tous les intérêts et à mettre en paix toutes les consciences. Cette proposition répondait parfaitement aux incertitudes qui pesaient sur toutes ces âmes chancelantes : elle fut favorablement accueillie et on allait procéder à la nomination des commissaires, lorsque le général Gérard annonça que quinze cents Rouennais, en marche pour Paris, venaient d’arriver, amenant plusieurs pièces de canon qu’on avait placées sur les hauteurs de Montmartre. Ces images de guerre, apportées au milieu de l’assemblée, y produisent une sorte de frémissement. On se trouble, on s’agite, et au milieu des plus vives préoccupations, les noms suivants sortent de l’urne du scrutin : Augustin Périer, Sébastiani, Guizot, Delessert, Hyde de Neuville. Le choix de pareils commissaires indiquait assez qu’aux yeux des députés, Charles X n’avait pas encore cessé d’être roi. Les commissaires prirent le chemin du Luxembourg. L’inquiétude de M. Laffitte était visible : il sentait la victoire lui échapper. Tout-à-coup M. Colin de Sussy entre, tenant à la main les dernières ordonnances de Charles X. Qu’on les eût accueillies, c’en était, fait sans doute de la candidature du duc d’Orléans. Aussi la fermeté du président fut-elle inébranlable. M. de Sussy dût se retirer. Mais des dangers d’une autre nature menaçaient la faction orléaniste. Le peuple répandu