Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/355

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au milieu d’eux, pour les décourager ou les désunir, quelques-uns de ses plus ardents émissaires. Rien ne fut épargné par MM. Larréguy et Combe-Siéyès pour faire prévaloir dans la réunion Lointier la combinaison qui appelait au trône une dynastie nouvelle, et il faut dire que ces tentatives puisaient une grande force dans l’adhésion de Béranger. Une lutte orageuse ne tarda pas à s’engager. Se voyant disputer par l’intrigue ce qu’ils appelaient leur victoire, les républicains de bonne foi frémissaient d’indignation. Quelques-uns, avec cet excès de défiance propre aux partis en lutte, accusaient déjà sourdement M. Chevallier, le président de 1 assemblée, de vouloir prolonger la séance et traîner les choses en longueur pour laisser les passions généreuses se refroidir et s’éteindre. Un orateur orléaniste fut couché en joue par un membre de l’assemblée. Enfin, on décida qu’une commission serait chargée de porter au gouvernement provisoire, siégeant à l’Hôtel-de-Ville, une adresse qui commençait par ces mots :

« Le peuple hier a reconquis ses droits sacrés au prix de son sang. Le plus précieux de ces droits est de choisir librement son gouvernement. Il faut empêcher qu’aucune proclamation ne soit faite qui désigne un chef lorsque la forme même du gouvernement ne peut être déterminée.

Il existe une représentation provisoire de la nation. Qu’elle reste en permanence jusqu’à ce que le vœu de la majorité des Français ait pu être connu, etc. »

M. Hubert fut choisi pour porter cette adresse à