Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/356

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l’Hôtel-de-Ville ; il partit, en costume de garde national, et accompagné de plusieurs membres de l’assemblée, parmi lesquels étaient Trélat, Teste, Charles Hingray, Bastide, Poubelle, Guinard, tous hommes pleins d’énergie, de désintéressement et d’ardeur. La députation fendit la foule immense répandue sur la place de Grève. Hubert portait l’adresse au bout d’une bayonnette.

Admis auprès du général Lafayette, les républicains l’entourent avec une sorte de déférence grave et même un peu impérieuse. Hubert lit l’adresse d’une voix fortement accentuée. Puis, montrant du doigt sur le plafond la trace toute récente des balles, il adjure Lafayette, au nom des souvenirs du combat, de ne pas laisser périr les fruits de la victoire populaire. Il ajoute que Lafayette doit compte au peuple de la puissance que lui donne un nom respecté ; que s’abstenir serait faiblesse ou trahison. Et il termine en le pressant de prendre la dictature. C’était trop présumer de son audace. Troublé intérieurement, mais toujours maître de lui, il prononça un long discours où son embarras ne se trahissait que par l’incohérence des pensées et la diffusion des paroles. Il parla des États-Unis, de la première révolution, du rôle qu’il avait joué dans ces grands événements et bientôt, grâce à lui, la solennité de la proposition qu’on venait lui faire s’effaça dans les détails d’une conversation familière et sans suite. « Pouvons-nous, au moins, compter sur la liberté de la presse, demanda une voix ? — Qui en doute, répondit en jurant M. de Laborde ? » Alors quelques-uns des assistants racontèrent qu’ils avaient