Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce message parvint au Palais-Royal a sept heures du matin. M. Dupin aîné s’était déjà rendu chez le duc d’Orléans. Tremblant de perdre le bénéfice d’une royale amitié, M. Dupin conseilla au prince de faire au message de Charles X une réponse énergique et propre à séparer nettement la cause de la maison d’Orléans de celle de la branche aînée. Il alla jusqu’à se charger de la rédaction de cette réponse. La lettre qu’il écrivait était rude et sans pitié. Le duc d’Orléans la lut, la mit lui-même sous enveloppe, et il présentait à la bougie le morceau de cire qui devait servir à la cacheter, lorsque paraissant se raviser tout à coup : « Ceci est trop grave, dit-il, pour que je ne consulte pas ma femme. » Il passe dans une pièce voisine, et reparaît quelques instants après tenant à la main la même enveloppe, qui fut remise à l’envoyé de Charles X. La lettre que cette enveloppe contenait émut doucement le vieux monarque : elle était affectueuse et pleine de témoignages de fidélité. Charles X en fut si touché que, dès ce moment, toutes ses hésitations s’évanouirent. Charles X n’avait jamais eu pour le duc d’Orléans la même répugnance que beaucoup d’hommes de la cour. Et il en avait donné récemment une preuve éclatante, en ordonnant au général Trogof de confisquer tous les exemplaires des mémoires de Maria Stella, libelle dirigé contre le duc d’Orléans, et que les courtisans faisaient circuler à Saint-Cloud avec une joie maligne. Il fut donc charmé de trouver dans ce prince le protecteur de son petit-fils, et convaincu que la loyauté du duc d’Orléans était la meilleur garantie de l’avenir royal destine au duc de