Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/416

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Bordeaux, il réalisa sans retard un projet qu’il n’avait encore conçu que vaguement. Non content d’abdiquer la couronne, il usa de l’empire absolu qu’il exerçait sur le Dauphin pour le faire consentir, lui aussi, à une abdication, et il crut au salut de sa dynastie.

Cependant, au sortir de la scène qui vient d’être décrite, le duc d’Orléans donnait audience à tous les hauts personnages qui venaient adorer déjà sa fortune. M. Laffitte, que le prince avait fait prévenir, fut devancé au château par MM. Casimir Périer, de Broglie, Guizot, Dupin, Sébastiani, Molé, Gérard. Cet empressement étonna un peu M. Laffitte, qui se croyait le droit d’être reçu avant tous les autres. Mais le duc d’Orléans s’avança vivement au-devant de lui, et l’entoura de caresses familières, tandis que les assistants, pour plaire au prince, renchérissaient sur les hommages rendus à la puissance du favori. Le duc d’Orléans savait combien les flatteries qui viennent de haut sont irrésistibles. Il connaissait, d’ailleurs, M. Laffitte. Le prenant par le bras, avec une sorte de laisser-aller affectueux, et se retournant vers les intimes. « Messieurs, dit-il, suivez-nous. » Et il entraîna dans l’appartement voisin l’opulent plébéien, charmé, fasciné par ce seul mot qui semblait lui promettre une si large part dans le maniement des affaires publiques. Après quelques paroles destinées sans doute à tempérer par les apparences de la modestie l’éclat d’une subite élévation, le duc d’Orléans raconta d’un air mystérieux le message par lequel Charles X le nommait lieutenant-général du royaume. Il ajouta que ce qu’on en faisait n’était