Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/430

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dangers, et la ville entière s’émut. Il y avait au fond du peuple ce bouillonnement qui se voit au sortir des agitations. L’idée d’une campagne révolutionnaire aux environs de la capitale flattait l’imagination mobile des Parisiens, et semblait leur promettre dans un acte de patriotisme une partie de plaisir. Bientôt tout Paris fut sur pied. On ne rencontrait dans les rues que jeunes gens faisant briller sur leur habit noir des baudriers de gendarmes, qu’ouvriers en veste portant des casques et armés de lances ou de carabines. Pour se procurer des chevaux au manège de Kuntzmann, quelques élèves de l’École polytechnique n’eurent qu’à signer leur nom, en indiquant leur qualité au bas d’un billet ainsi conçu : « Bon pour un cheval. » C’était un immense désordre. Le patriotisme de ces recrues d’un nouveau genre éclatait en rires bruyants, en paroles touchantes, en confuses clameurs. Les hommes habiles, qui avaient compté sur la frivolité de l’esprit français, purent se féliciter de leur clairvoyance.