Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/45

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brillants équipages, femmes, plaisirs, faciles honneurs de la paix, voilà ce que venait leur ravir chaque nouveau dessein de l’infatigable guerrier ; et ils ne le suivaient plus qu’en murmurant à travers cette Europe que sa pensée agitait.

Depuis long-temps, d’ailleurs, les traditions militaires de la république s’étaient perdues dans l’armée. Déjà, lors de la formation du camp de Boulogne, on avait vu s’introduire dans les rangs, des militaires titrés, des jeunes gens éclos de la corruption du Directoire et qu’adoptait la corruption de l’Empire, soldats sans vigueur que suivait au camp la protection des femmes galantes. La France, toutefois, n’avait pas cessé de se montrer invincible, mais elle avait cessé de vaincre par le concours actif et intelligent des généraux, des officiers, des soldats. À ce concours, dont les victoires républicaines n’étaient qu’une manifestation glorieuse, avait succédé le génie d’un seul. L’armée était devenue comme une colossale et vivante machine de guerre, servie par un bras tout puissant. Les combinaisons d’un mathématicien et la confiance qu’il inspirait à un million d’hommes rompus à la discipline, tous nos triomphes, depuis l’Empire, étaient venus de là. Napoléon avait détruit la personnalité des armées.

Aussi, ses premiers généraux l’abandonnant, il se trouva dans la solitude, quoique adoré du soldat. Il ne put ni ne sut descendre les degrés de la