Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/467

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battre grossissait à chaque instant. Par malheur, les armes étaient rares. Des marchands regrattiers vendirent à des prix fabuleux des fusils rouillés, de vieux sabres sans fourreau. Le commandement des insurgés fut déféré au capitaine Zindel, homme de résolution et ardent patriote. D’autres officiers furent élus par acclamation. La foule, épaisse et menaçante, se tenait évidemment aux ordres de l’insurrection.

MM. Debrosses et Paultre dt Lamotte, le premier préfet, le second commandant de la division militaire, étaient dans une situation dont chaque minute augmentait les périls. Les nouvelles de Paris étaient sombres ; la fidélité des troupes, douteuse ; et on savait que plusieurs bourgeois influents étaient liés d’opinion et d’amitié avec des officiers du 10e et du 47e de ligne qui, joints à un régiment de chasseurs et à quelque artillerie, composaient la garnison.

Dans ces circonstances critiques, M. Debrosses déploya un courage qui contrastait singulièrement avec la frayeur dont les royalistes lyonnais semblaient saisis. Une proclamation qui sommait les insurgés de se dissoudre, sous peine d’être passés par les armes, fut affichée sur les murs de Lyon. Par une faiblesse étrange, la commission, élue la veille, appuya cette démarche audacieuse, promettant d’intervenir auprès du pouvoir pour obtenir une organisation régulière de la garde nationale.

Ces deux proclamations furent accueillies avec un égal dédain ; et un membre de la commission, M. Thomas Tissot, étant venu engager les pelotons