Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/469

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acclamations auxquelles d’anciens soldats mêlèrent le cri accoutumé de vive l’Empereur ! L’arsenal fut rendu, les télégraphes furent occupés, la garde nationale s’organisa dans tous les quartiers. La cocarde tricolore fut portée en face des soldats portant encore la cocarde blanche. C’était une victoire complète ; celle de Paris ne fut connue que le lendemain.

Il y avait cela de remarquable dans la résistance lyonnaise que, bien qu’elle n’eût pas été déterminée par les événements de Paris, elle fut impétueuse, irrésistible ; et on triompha ici sans coup férir, par le seul effet de l’attitude imposante du peuple. La résistance ne fut ni moins prompte, ni moins vive dans un grand nombre de villes. Il y eut un combat à Nantes ; Rouen et le Havre envoyèrent des auxiliaires aux insurgés parisiens. A Arras, le rédacteur en chef du Propagateur, M. Frédéric Degeorge, publia courageusement son journal le 27 malgré l’opposition du commissaire de police, et tint l’autorité en échec pendant trois jours. Au reste, une partie du 1er régiment du génie en garnison à Arras était disposée à se ranger du côté du peuple, pour lequel se déclaraient déjà hautement le capitaine Cavaignac, ainsi que les lieutenants Lebleu et Odier. L’ardeur de quelques soldats était même si grande que, dans la nuit du 30 au 31, une cinquantaine d’entre eux sortirent de la ville, et marchèrent sur Paris, sous la conduite d’un fourrier.

Le 6 août, M. Guizot remit à M. Bérard un papier écrit de la main de M. de Broglie, et qui contenait un projet de modification à la charte beaucoup plus restreint que celui que M. Bérard avait