Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/480

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glorieuse et libre ! » Les carlistes poussèrent un cri de joie ; et, pour atténuer l’effet de cette démission, quelques orléanistes répandirent le bruit que M de Cormenin était un carliste déguisé. Mais la calomnie devait passer : la protestation resta.

Voici quel fut le résultat du scrutin d’où sortit une royauté :

Nombre des votants : 252
Boules blanches, 219
Boules noires, 33

L’appel nominal n’était pas terminé que M. Dupin se présentait, montrant un ruban tricolore à sa boutonnière et l’on votait par acclamation que la France reprendrait ses couleurs.

Peu d’instants après, les habitants de la rue Saint-Honoré regardaient passer avec surprise quelques bourgeois qui se dirigeaient, quatre à quatre, vers le Palais-Royal. Ces bourgeois allaient apprendre au duc d’Orléans qu’il était roi.

Le lieutenant-général reçut les députés, entouré de sa famille, et M. Laffitte ayant lu la déclaration, le prince répondit d’un ton modeste et pénétré :

« Je reçois avec une profonde émotion la déclaration que vous me présentez. Je la regarde comme l’expression de la volonté nationale, et elle me paraît conforme aux principes politiques que j’ai professés toute ma vie.

Rempli de souvenirs qui m’ont toujours fait désirer de n’être jamais appelé au trône, exempt d’ambition, et habitué à la vie paisible que je menais dans ma famille, je ne puis vous cacher tous les sentiments qui agitent mon cœur dans cette