Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/114

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ment blâmée dans une proclamation. Le peuple s’irrite à son tour, crie à la trahison, se précipite sur l’hôtel-de-ville, y prend des armes, attaque plusieurs postes. La garde bourgeoise fait feu sur un rassemblement d’ouvriers : trois hommes tombent dangereusement frappés. L’effroi est dans la ville. Et le lendemain, une proclamation du prince Frédéric apprenait aux Belges que les troupes hollandaises s’avançaient sur la demande des meilleurs citoyens et pour décharger la garde bourgeoise d’un service pénible.

En effet, des dragons hollandais ne tardèrent pas à paraître sur la chaussée de Schaërbeck. Aussitôt le tocsin sonne à Ste.-Gudule. On bat la générale. Femmes, enfants, vieillards, travaillent aux barricades. Il y eût en ce moment un de ces éclairs d’enthousiasme que produit quelquefois l’approche des grands dangers. Les citoyens s’embrassaient dans les rues, et se promettaient de mourir plutôt que de subir le joug. Des volontaires liégeois étaient accourus à Bruxelles : mêlés aux habitants de cette ville, ils se portent au-devant de l’ennemi, ét se précipitent avec ardeur sur les cavaliers hollandais dont quelques-uns sont tués presqu’à bout portant.

Le 23 septembre, les troupes hollandaises, au nombre de neuf ou dix mille, se présentèrent, et vers huit heures du soir, elles pénétraient dans la ville par les portes de Schaërbeck et de Louvain. Il faut croire qu’à l’aspect de cette cité frémissante et prête au combat, qu’au glas du tocsin se mêlant aux détonations de la mousqueterie, les hollandais furent saisis de vertige. Car, au lieu de mar-