Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/137

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nationale accourt. Repoussée, la foule prend le chemin de Vincennes : Le cri de mort aux ministres ! remplissait les airs. Le général Daumesnil sort du château pour arrêter ces bandes irritées ; il les menace, si elles osent passer outre, de faire sauter le donjon. Elles se replient, mais reviennent sur le Palais-Royal, précédées par un tambour et redoublant de clameurs. Le conseil des ministres s’était assemblé. Le roi se promenait sur la terrasse avec M. Odilon-Barrot. Vive Barrot ! criait-on de la place. Alors, se retournant vers le préfet de la Seine : « J’ai aussi entendu crier : vive Pétion ! autrefois, » dit le prince avec un sourire douteux.

La garde fit bonne contenance l’émeute se dissipa. Il en était resté, toutefois, dans la capitale une vague inquiétude qui présageait de nouveaux orages.

Le lendemain, le roi en uniforme de garde national, descendait, accompagné de son fils aîné, des généraux. Lafayette et Gérard, dans la cour du Palais-Royal, pour y remercier de leur vigilance les bourgeois armés, qu’il appelait ses camarades. Ces démarches d’éclat associaient de plus en plus à la cause de la royauté celle de la bourgeoisie, mais le peuple en prenait ombrage : il s’accoutumait à confondre dans la même défiance tout ce qui est pouvoir et richesse.

Les outrages, d’ailleurs, ne lui étaient pas épargnés par beaucoup de ces libéraux de la restauration, dont il avait si vaillamment soutenu la querelle. Ils appelaient la tentative sur Vincennes un deux septembre commencé contre quatre hommes. Ils déclamaient sur l’ivresse du sang plus irré-