Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/143

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indirects était nulle ou violente ; qu’à Bordeaux, il avait fallu braquer des canons pour contenir la multitude.

Étourdis de ces attaques qui empruntaient à de tristes réalités une force irrésistible, les partisans de l’établissement nouveau n’osaient creuser la situation de peur d’y trouver les germes d’une révolution sociale. Ils levaient alors les yeux vers le pouvoir, et parlaient de changer les hommes, alors, que pour guérir les plaies de la nation, il aurait fallu vouloir avec courage, avec désintéressement, que les choses fussent changées. Mais plus la nécessité d’un gouvernement vigoureux et doué d’initiative était flagrante, plus les ambitions hésitaient.

Ainsi, l’enthousiasme éteint, le peuple mécontent et insulté, le commerce languissant, le travail, cette vie du pauvre, tari dans sa source, les partis en délire se combattant sur des ruines, la garde nationale appelée garde prétorienne par tous ceux qu’elle avait exclus de son sein et qu’elle menaçait, la nation incertaine sur le parti qu’on devait tirer de l’échafaud, la chambre morigénée en public par un magistrat que blâmait lui-même la majorité des ministres, la hiérarchie détruite, le pouvoir flottant à l’aventure, voilà quelle situation singulière et formidable venaient de créer deux mois de règne : l’impuissance dans le chaos.

Ici encore, M. Laffitte offrit au roi l’appui d’un dévouement à toute épreuve. Il se chargea de combiner les éléments d’un ministère, et il était sincère dans les témoignages d’affection qu’il donnait au roi. Car, loin de fatiguer son zèle, la confiance avec la-