Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/165

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foulaient aux pieds leur œuvre propre, au gré des intérêts du moment, et n’aspiraient, en mettant en avant tous ces grands mots d’équilibre européen et de paix générale, qu’à exercer sur l’Europe une sorte de haut brigandage !

Tout défavorable qu’il était à Guillaume, le protocole du 20 novembre n’en fut pas mieux accueilli à Bruxelles, parce qu’il y était dit : « Ces arrangements ne peuvent affecter en rien les droits que le roi des Pays-Bas et la confédération germanique exercent sur le grand duché de Luxembourg. » En enlevant à la Belgique la province du Luxembourg qui se considérait comme belge, avait toujours été réputée partie intégrante des provinces méridionales des Pays-Bas, et n’avait été créée grand duché en 1815 que par suite d’un échange fictif, la conférence réduisait la Belgique à un état d’impuissance absolue. Le comité diplomatique dut se résigner à une acceptation conditionnelle. Vaine déférence ! Les diplomates de Londres répondirent par une note où il était dit : « Les puissances ne sauraient reconnaître à aucun état un droit qu’elles se refusent à elles-mêmes (le droit de s’agrandir). » C’était, en deux lignes, railler la France et dépouiller la Belgique. M. de Talleyrand signait tout cela.

Au reste, et malgré le mystère dont on s’étudiait à les envelopper, les manœuvres des cours n’étaient pas si secrètes, qu’il n’en transpirât quelque chose dans le public. On s’en alarmait à Paris, et les alarmes des patriotes étaient partagées, dans le sein même du conseil, par MM. Dupont (de l’Eure) et Laffitte. Sentant bien qu’on se cachait d’eux, leurs