Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/174

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cracher au visage, il aimait l’armée polonaise, dont il était fier, l’ayant lui-même façonnée à la discipline. Il avait surtout pour le 4e régiment de ligne une espèce de tendresse farouche, qui souvent se traduisit en bouffonneries soldatesques ou en caprices de basse familiarité. Quels motifs purent endormir la vigilante tyrannie d’un tel homme, au milieu des préparatifs d’un complot dont le secret se lisait sur tant de visages ? Nul ne l’a deviné, nul ne l’a dit.

Le 29 novembre arriva. Il était convenu entre les conjurés que le signal de l’insurrection serait donne au midi, par l’incendie de la brasserie de Solec ; et, au nord par celui de quelques maisons voisines de l’arsenal.

Les troupes russes se composaient d’un corps de Volhyniens, d’un corps de Lithuaniens, commandés par le général polonais Zymirski, et de trois régiments de cavalerie. Les gardes Volhyniennes et Lithuaniennes campaient au nord de Varsovie, dans le voisinage de l’arsenal. Les cavaliers occupaient, au midi, les casernes de Lazienki, voisines de l’école des porte-enseignes, et du Belvéder, résidence de Constantin. Ce fut donc principalement sur l’arsenal et le Belvéder que dût se porter l’attention des conjurés.

En effet, vers six heures du soir, dix-huit jeunes gens sortent de l’école des portes enseignes, fondent sur la demeure du grand-duc, terrassent les sentinelles, et pénètrent, la baïonnette au bout du fusil, les uns dans les appartements, les autres dans les jardins. L’alarme se répand ; les valets effarés cou-