Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/178

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nislas Potocki. Il haranguait les grenadiers et cherchait à les détacher de la cause de l’insurrection, quand la multitude indignée se précipita sur lui, le renversa de cheval, et ne le laissa aux mains des gendarmes que frappé mortellement. Le ministre Hauke fut tué d’un coup de pistolet. Les généraux Trembicki et Siemiontkowski éprouvèrent un sort non moins funeste. L’insurrection avait surpris ce dernier jouant aux cartes, dans sa maison, avec le général Skrzynecki si célèbre depuis. Au bruit de la fusillade, il sortit, voulut rappeler avec insulte aux soldats leurs serments de fidélité, et alla tomber mort non loin de la statue de Kopernik.

De tous ceux qui avaient préparé l’insurrection, un seul n’y put figurer. Au milieu de sa patrie en feu, Lelewel eut la douleur d’être retenu au chevet de son père agonisant, dont, cette nuit-là même, il reçut le dernier soupir.

Le lendemain, 30 novembre, le cri de l’indépendance sortait de toutes les bouches ; l’aigle-blanc disparaissait partout de la façade des monuments publics ; l’ancien conseil administratif s’adjoignait en toute hâte des citoyens populaires ; on foulait avec transport ces rues teintes de sang ; on pleurait de joie et d’orgueil Varsovie était libre. Et pendant ce temps, rassemblée aux portes du palais des finances, une multitude innombrable criait : Chlopicki ! nous voulons Chlopicki ! On le cherchait partout, et en vain : il se cachait. Le général Pac dut prendre, en attendant, le commandement des troupes.

Chlopicki était un général élevé à l’école de Na-