Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/180

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a peur d’aller trop loin est une révolution avortée. Chlopicki aima mieux parlementer. Faute énorme au début d’une révolte, faute irréparable Une députation composée du comte Ladislas Ostrowski, des princes Lubecki et Czartoryski, et du républicain Lelewel se rendit au village de Wierzbna où elle trouva le grand-duc entouré de ses principaux officiers. Constantin était à côté de la duchesse de Lowicz. A l’aspect des députés, il se leva comme pour leur faire honneur, prompt à dissimuler sa colère. Mais, quoique polonaise et d’un caractère naturellement très-doux, la duchesse de Lowicz ne put contenir sa douleur, qui s’échappa en plaintes amères. Lubecki répondit avec le calme d’un sceptique qui subit la loi des faits sans amour et sans haine. Ostrowski fut digne, Lelewel ironique et inflexible. Quant aux résultats de l’entrevue, ils devaient être nuls. Le grand-duc, en consentant à la rentrée des gardes polonaises dans Varsovie, ne faisait que céder à la force des choses ; et il trahissait la vérité en donnant à entendre que, si on respectait sa retraite, les Polonais n’auraient pas à redouter les vengeances de son retour.

Ce fut à la suite de cette entrevue, que les gardes polonais qui avaient suivi l’étendard du Czarewicz, rentrèrent dans Varsovie, ainsi que les patriotiques brigades des généraux Skrzynecki et Szembeck. Ce spectacle avait quelque chose d’imposant et de terrible. Au milieu des Polonais, encore frémissants de leur glorieuse victoire, marchaient, tête baissée, ceux qu’un moment d’erreur avait enlevés à la défense de leur patrie. On remarquait