Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/191

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mandement des troupes de ligne. Son chef d’état-major avait mission de se concerter avec le général Fabvier. Enfin, par une proclamation du 8 décembre, il avait été défendu à tous les gardes nationaux de Paris et de la banlieue de quitter leur uniforme, à partir du 14, et sous quelque prétexte que ce pût être.

Il dut arriver alors ce qui était arrivé déjà lors de la discussion de la peine de mort la multitude se sentit provoquée, elle s’irrita ; et, comme elle souffrait, ses passions se portèrent sur le premier objet qui leur était offert, avec une impétuosité d’autant plus terrible qu’elle était irréfléchie.

C’est un grave et douloureux sujet de méditation que la folie des pensées qui agitent les hommes. Le peuple se livrait tout entier à des préoccupations stériles, et il laissait passer sans y prendre garde une discussion où ses intérêts les plus chers étaient engagés ! Combien de fois, dans leur détresse, les ouvriers n’avaient-ils pas maudit l’inique répartition des impôts ? Depuis l’établissement des droits réunis, pas une famille indigente qui n’eût protesté avec l’accent du désespoir contre cette violence journalière faite à la pauvreté. Or, c’est à peine si on sut dans les faubourgs qu’un projet de loi autorisant la perception des contributions existantes venait d’être présenté à la chambre ; que l’abolition des impôts indirects y avait trouvé fort peu de partisans et beaucoup d’adversaires ; que M. Charles Dupin y avait parlé d’alléger les charges de la propriété, et de rejeter le poids principal de l’impôt sur les contributions indirectes, c’est-à-dire