Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/196

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cret. On se contenta de parler des chagrins qui avaient assombri la fin de sa carrière ; on rappela les paroles mélancoliques qu’il avait prononcées à la tribune, le jour où il y avait paru pour la dernière fois.

Quoi qu’il en soit, dans ces pompeuses funérailles, le libéralisme venait de se célébrer lui-même. On étonne le peuple avec ces grands spectacles, étalage de force. Toute solennité est un moyen de gouvernement.

Le jour du procès était arrivé. Interrogé sur le genre de châtiment que, suivant lui, on devait infliger aux accusés, M. Mauguin avait répondu : la mort. Cette réponse fut bientôt connue à la cour ; et la chambre, qui se défiait de la fougue tribunitienne de M. Mauguin, saisit cette occasion pour lui substituer M. Persil, lorsqu’il fut question de transformer les juges-instructeurs en accusateurs publics. Au reste, le rapport présenté le 29 novembre par M. de Bastard indiquait assez clairement les vues de la pairie, « Le code pénal est hors « du procès, » avait dit le rapporteur, et il avait eu soin d’attribuer à la cour des pairs une omnipotence judiciaire qui, en la plaçant au-dessus des lois, lui permettait la clémence.

Ce fut le 15 décembre que les débats s’ouvrirent. Dès neuf heures du matin, la foule avait envahi la salle d’audience. Un huissier parut tenant à la main une petite baguette surmontée d’une boule d’ivoire, dont il frappa trois coups. Les juges entrèrent. On se montrait du doigt, du haut des tribunes, ceux d’entr’eux qui avaient porté contre le maréchal