Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/205

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gnés des avantages qu’assurait aux coupables l’inconsistance des accusateurs.

Au sein de ces émotions diverses, M. de Martignac prit la parole pour la défense de M. de Polignac, son client. Il y avait quelque chose de touchant dans la situation respective de M. de Martignac et d’un des accusés, M. de Peyronnet. Ainsi que l’orateur le dit en commençant, ils étaient nés dans la même ville, la même année. Au collège, au barreau, dans la magistrature, ils avaient suivi des destinées parallèles. « Eh bien ! ajouta le défenseur, après avoir passé au travers des grandeurs humaines, nous nous retrouvons encore : moi, comme autrefois prétant à un accusé le secours de ma parole ; lui, captif, poursuivi, obligé de défendre sa vie et sa mémoire menacées. Cette longue confraternité que tant d’événements avaient respectée, les tristes effets des dissentiments politiques l’interrompirent un moment. Cette enceinte où nous sommes a vu quelquefois nos débats empreints d’amertume ; mais de tous ces souvenirs, celui de l’ancienne amitié s’est retrouvé seul au donjon de Vincennes. »

La plaidoirie de M. de Martignac fut, selon le caractère de son talent, remplie d’une éloquence persuasive et douce. Il s’attacha d’abord à démontrer que la dynastie de Charles X, en tombant, avait mis à l’abri de toute responsabilité les quatre ministres, vivants débris de ce naufrage. Il demanda où étaient les garanties que la charte leur avait promises, où étaient les lois de sang applicables aux crimes qu’on leur imputait. Et quels étaient ces