Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/206

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crimes ? Ils avaient violé la charte ? Mais l’article 14 était-il tellement clair qu’on fut sans excuse pour l’avoir interprété au profit du trône ébranlé, au profit de cette antique monarchie des Bourbons encore une fois poussée dans les tempêtes ?

Passant ensuite au souvenir de la guerre civile si audacieusement provoquée, puis attisée, M. de Martignac en avoua d’une voix gémissante toute l’horreur ; mais, pour laver son client de l’affreux reproche de l’avoir voulue, il rappela tout ce qui, dans la vie de M. de Polignac, appartenait aux inspirations de la bonté, montrant jusque dans ses plus grandes fautes la tendresse téméraire de son cœur. On demandait, pourtant, la tête de cet homme. Pourquoi ? qu’ajouter à cette vengeance qui avait mis entre la France et une dynastie qu’elle repoussait les vastes mers et les événements plus vastes que les mers ? Ces trois couronnes brisées dans trois jours, ce drapeau de huit siècles déchiré en une heure ; n’étaient-ce point-là des trophées suffisants ? A quoi bon rendre la force cruelle ? N’y aurait-il aucun danger à accoutumer les yeux à l’appareil des supplices ? « Vous jetez les fondements d’un trône nouveau, s’écria M. de Martignac en terminant, ne lui donnez pas pour appui une terre détrempée avec du sang et des larmes. Le coup que vous frapperiez ouvrirait un abîme, et ces quatre têtes ne le combleraient pas. »

Le lendemain, 19 décembre, M. de Peyronnet ayant demandé la parole, un mouvement singulier se-fit d&ns l’auditoire. On s’attendait à des paroles hautaine ; cette attente fat trompée ; le discours