Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/207

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de M. de Peyronnet était un appel à l’indulgence de l’opinion publique et des juges. Il raconta sa vie avec une modeste approbation de lui-même. Jeune, il avait employé l’ardeur des vives années à consoler des douleurs cuisantes et à protéger les malheureux. Mêlé plus tard aux affaires publiques, il y avait apporté, en même temps qu’une conviction ferme, une âme ouverte à la pitié. C’était par lui qu’avaient été provoquées et obtenues, sous la Restauration, les deux amnisties ; c’était lui qui avait détourné de la tête du général Pailhès, d’Olanier, de Fradin, le glaive, déjà levé, des vengeances royalistes. Aujourd’hui, placé par le sort à quelques pas de l’échafaud, il lui était permis de rappeler que plus de trois cents condamnés lui avaient dû la liberté ou la vie. Dans sa carrière politique, sa conscience ne lui montrait rien qu’il fût de son intérêt de taire ou de son devoir de désavouer. La loi du sacrilège, loi sanguinaire il ne l’avait présentée qu’entraîné par le flot irrésistible des préjugés et des préoccupations de l’époque. La loi sur la presse, qui, sous le nom de loi d’amour avait été flétrie, il ne l’avait livrée aux débats que défigurée, et son dévouement seul lui avait fait affronter la responsabilité d’une conception qui n’était pas la sienne. S’était-il enrichi dans les affaires publiques ? Non il en était sorti avec des dettes la munificence royale avait pourvu à l’établissement de ses enfants ; et il avait le droit de répéter après Sunderland : « J’ai occupé un poste d’un grand éclat, sans pouvoir et sans avantages, pendant que j’y étais, et pour ma ruiné à présent que j’en