Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/208

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suis dehors. » M. de Peyronnet lut ensuite un travail que, vers la fin du mois d’avril, il avait publié sur ce qui constitue l’illégitimité des coups d’état et, témoin des malheurs nés de celui auquel il avait concouru, il s’écria : « Le sang a coulé : voilà le souvenir qui pèse à mon cœur. Un malheureux, frappé comme moi, n’a guère plus que des larmes, et l’on doit peut-être lui tenir compte de celles qu’il ne garde pas pour lui-même. »

Ce discours rendait à peu près superflue la plaidoirie de M. Hennequin, qui ne fit en effet, que reproduire, sous une forme nouvelle et ingénieuse, les considérations déjà développées par son collègue et par son client.

L’auditoire, d’ailleurs, était impatient d’entendre le défenseur de M. de Chantelauze, jeune avocat du barreau de Lyon, qu’avait précédé à Paris une grande réputation de libéralisme et d’éloquence. Dès le début de M. Sauzet, l’attention de tous fut captivée. La taille haute de l’orateur, sa figure pâle et fatiguée, les paroles à la fois pathétiques et brillantes qui sortaient pressées de sa bouche et semblaient poussées par la conviction du triomphe, le continuel balancement de son corps, attribué à l’élan d’une émotion malaisément contenue, tout cela frappait cette partie frivole du public qu’on gouverne avec des mots et qu’on entraîne par les apparences.

Après avoir passé rapidement sur ce qu’il y avait de personnel à M. de Chantelauze dans cet important procès, M. Sauzet proclama sans détour le dogme de la nécessité humaine. Il dit que la néces-