Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/216

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chefs manquaient encore d’expérience ; mais ignorer les obstacles donne souvent la puissance de les vaincre. Si les républicains n’avaient pas toute la science qui se puise dans la pratique des affaires, ils avaient en revanche toute l’énergie et tout le dévouement qu’on y perd. Il y avait aussi dans leur position cela de favorable qu’ils descendaient la pente de la révolution au lieu de la remonter. Ils agissaient sur le peuple par la générosité de leurs sentiments et sur les écoles par l’impétuosité de leurs allures. Ils dominaient dans les associations patriotiques. Le goût de la popularité, dont ils étaient les dispensateurs, leur asservissait des personnages influents. Ils tenaient le pouvoir en échec par leur audace, et ils avaient su se créer dans la garde nationale elle-même une position forte. Sentant bien qu’ils s’annuleraient en se dispersant, ils s’étaient fait inscrire de préférence sur les cadres de l’artillerie nationale. Des quatre batteries qui la formaient, MM. Bastide et Thomas commandaient la troisième ; la deuxième, sous les ordres de MM. Guinard et Cavaignac, leur appartenait tout entière ; et ils s’étaient ménagé les moyens d’entraîner les deux autres, bien que, pour combattre leur influence, le duc d’Orléans fût entré dans la première.

Lors du procès des ministres, une association d’hommes tout-à-fait nouveaux, entreprenants toutefois et résolus, avait pris naissance au sein de l’école de médecine. Des ouvertures furent faites à la Société des Amis du peuple. Marcher sur le palais Bourbon, s’emparer de la personne des députés, proclamer la dictature, tel était le plan proposé. C’était