Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/231

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M. Carrel. De leur côté, les artilleurs républicains avaient leurs mousquetons chargés. Pleins de colère, de bravoure et de générosité, ils se tenaient prêts à faire le sacrifice de leur vie. Mais la division n’existait pas seulement entre la garde nationale et l’artillerie, elle existait au sein de l’artillerie elle-même. La deuxième batterie était républicaine, ainsi qu’une partie de la troisième quant à la première et à la quatrième, elles étaient en général dévouées au gouvernement et a la dynastie. La vente, le commandant Barré était allé prendre les ordres du colonel. « L’on sait, lui avait dit M. de Pernetti, que le peuple doit marcher sur nos pièces, pour tenter de les enlever. Il faut les gerber, les enclouer, en ôter les S, si te peuple pénètre dans le Louvre. — Gerber les pièces, les enclouer, avait répondu M. Barré, ce serait insulter l’artillerie ; mais on peut enlever les S. » Et il s’était chargé de cette mission. Il l’accomplit, en effet, dans la soirée du 21. Tout-à-coup le capitaine Bastide arrive dans la cour ; et s’avançant vers la 5e batterie, il lui ordonne de sortir du carré. Elle s’ébranle à cet ordre. Alors, le commandant Barré s’approche du capitaine, et lui dit vivement : « Qui commande ici ? Est-ce vous ou moi ? — Je ne vous connais pas, répond Bastide avec énergie ; et, si vous ne remettez à l’instant les S que vous avez fait enlever, je me porte à quelque extrémité. » La situation était critique : quelques mots de plus, et le sang allait couler. Déjà des canonniers de la 4e batterie menaçaient M. Bastide ; ceux de la 3e, le sabre à la main, se disposaient à le défendre ; le commandant Barré fit rapporter