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de mettre à une dernière épreuve l’affection que lui devait Louis-Philippe.

Voici la réponse que le roi lui adressa le lendemain, 25 :

« Je reçois à l’instant, mon cher général, votre lettre qui m’a peiné autant que surpris par la décision que vous prenez. Je n’ai pas encore eu le temps de lire les journaux. Le conseil des ministres s’assemble à une heure : alors je serai libre, c’est-à-dire entre quatre et cinq que j’espère vous voir et vous faire revenir sur votre détermination. »

Cette lettre parut inexplicable à M. de Lafayette. Il savait que le roi prenait une part active aux affaires publiques ; qu’aucune mesure importante n’était adoptée par ses ministres, sans qu’il l’eut connue et approuvée. Que signifiait donc cette phrase : je n’ai pas encore eu le temps de lire les journaux ? Le roi se disait surpris de là décision du général ! Mais cette décision, de sa part, n’avait rien de spontané ; elle n’était que le résultat nécessaire de sa soumission aux volontés de la chambre. A cause de ces obscurités, la lettre de Louis-Philippe, au lieu de calmer M. de Lafayette, ne fit qu’ajouter à son irritation.

Aussi bien, il était entouré d’hommes qui cherchaient à aigrir en lui le sentiment de son injure : les uns par dévouement à sa personne, les autres par flatterie, quelques-uns par patriotisme, et pour l’engager irrévocablement dans la cause du peuple.

Il se rendit, pourtant, au Palais-Royal. Louis-Philippe le reçut avec les plus vifs témoignages d’affection, marqua son regret des défiances de la cham-