Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en déclarant, de la manière la plus formelle, que nous ne reconnaîtrions point l’élection de M. le duc Leuchtemberg. Sans doute, de leur côté, les puissances seraient peu disposées à cette reconnaissance. Quant à nous, nous ne serions déterminés dans notre refus que par la raison d’état, à laquelle tout doit céder lorsqu’elle ne blesse les droite de personne, etc.

Cette dépêche qui, comme les lettres précédentes, fut lue au congrès, était celle dont M. Firmin Rogier avait parlé et que M. Sébastiani avait dictée devant lui à voix haute. Tous les membres du congrès furent frappés de stupeur. Ils se demandaient avec indignation s’il était permis de se jouer à ce point d’un peuple ami. Se rappelant les dénégations hautaines de M. Sébastiani, les uns en admiraient l’audace, les autres cherchaient à les expliquer par ce genre d’abnégation absolue, propre aux courtisans. Tous se soulevaient contre les prétentions d’un gouvernement qui, né de la liberté, voulait la détruire chez les autres peuples. « Je demande, s’écria M. Devaux, je demande l’impression de la pièce que vous venez d’entendre, pour que l’Europe entière, et surtout la nation française, sachent comment le gouvernement français entend la liberté des peuples. Je demande l’impression, afin que M. Sébastiani, qui a osé nier les communications officieuses faites à notre envoyé, ne puisse pas nier les communications officielles. »

Comme il arrive presque toujours, en commettant une injustice, le gouvernement français venait de commettre une faute. Son penchant, bien connu pour la paix, rendait ses menaces vaines, sans les rendre moins irritantes. La force du parti de Leuchtem-