Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/263

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lève pour soutenir la motion, et il rappelle vivement les paroles de son père à Alexandre, en lui remettant la charte : « Ce pacte est sacré. Malheur à qui le violera ! » Wolowski veut parler à son tour ; mais déjà l’émotion a gagné tous les cœurs ; au silence a succédé une agitation formidable. Tout-à-coup on entend la voix tonnante de Leduchowski qui s’écrie : Il n’y a plus de Nicolas ! En ce moment tous les nonces sont debout, et tous répètent ce cri terrible : Plus de Nicolas ! Plus d’empereur ! A cette nouvelle que les nonces coururent répandre dans la ville, une clameur immense s’éleva du sein du peuple. Le soir Varsovie fut illuminée. Il y régnait un enthousiasme lugubre et cette grande ardeur mêlée d’un grand trouble qui s’empare d’une nation, quand elle a le pressentiment de sa fin.

De tels événements étaient du plus haut intérêt pour la France ; elle s’en montra fière à la fois et inquiète. De toutes parts s’élevaient des accents de sympathie pour nos anciens compagnons d’armes ; chaque jour de nouvelles luttes s’engageaient pour eux à la chambre. M. Mauguin interpellait vivement le ministère ; il lui demandait s’il voulait soutenir ou abandonner la Pologne, si la France pouvait concevoir quelque espérance pour ce peuple qu’elle avait toujours aimé.

« La Pologne a des droits à l’amitié de la France, répondait M. Sébastiani ; seule, elle nous est restée fidèle aux jours de l’adversité. Ses douleurs retentissent au fond de nos âmes ; mais que pouvons-nous pour elle ? Quatre cents lieues nous séparent de ce peuple infortuné. Faut-il tenter, les