Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/264

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armes à la main, la conquête de tout le nord de l’Europe ? Ce sont les campagnes de Napoléon qu’on nous propose. » Mais Lamarque, Bignon répondaient avec beaucoup de chaleur et d’éloquence. Ils rappelaient, indignés ce partage de la Pologne qui fut le plus grand attentat du 18e siècle. Tous deux soutenaient que les droits de la Pologne découlaient des traité de 1815, qui avaient promis à ce peuple une organisation distincte, une nationalité, et dans lesquels Alexandre s’était engagé à le gouverner comme État uni. Ils prouvaient que le czar n’était que le roi constitutionnel de la Pologne. « Irons-nous braver le colosse du nord, s’écriait le général Lamarque ? mais ce colosse redoutable chez lui ; où les frimats le protègent, ne saurait long-temps se mouvoir sans le secours des Anglais. Abandonné à lui-même, il connaît ses points vulnérables. Un langage ferme d’habiles négociations pourraient le ramener à la justice, à la modération. Ces vertus ne sont pas étrangères au jeune conquérant qui a franchi les Balkans. Il sait, d’ailleurs, que la Suède songe encore à la Finlande ; que la Turquie est toujours prête à repasser le Danube que la Perse reviendrait bientôt sur l’Araxe que les Circassiens ; les peuplades belliqueuses du Caucase, les Tartares qui frémissent sous le joug, invoquent le moment de courir aux armes ; et que si l’Angleterre et la France voulaient intervenir ensemble, quelques vaisseaux de ligne, quelques frégates, franchissant les Dardanelles et le Bosphore pour entrer dans la mer Noire, porteraient la terreur sur ses rivages, et détrui-