Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/269

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couronnent les mamelons de Dombrowa-Gora. La lutte s’engage corps à corps, à la baïonnette. Les grenadiers de Rosen entrés dans le bois en sont trois fois repoussés et la lisière se couvre de morts. Arrive pour les soutenir la cavalerie du comte Witt, mais l’artillerie polonaise se développe en croissant, l’écrase de son double feu, la met en fuite, et la sépare par une ligne de sang des grenadiers russes qui ne peuvent plus ni reculer ni avancer.

Surpris, furieux de voir ses troupes décimées par un ennemi aussi inférieur en nombre, Diébitch mit fin au combat, et résolut d’attendre l’arrivée du prince Szachoskoï qu’il avait laissé en arrière. La plaine était jonchée de cadavres ; il y avait des régiments russes que la mitraille avait réduits au chiffre d’un bataillon ; les deux armées conclurent une trêve de trois heures pour enterrer leurs morts ; mais épuisées de fatigue, après un carnage de trente six heures, elles prolongèrent la trêve pendant trois jours. Le prince Szachoskoï dont le généralissime n’avait pas sû arrêter la marche, arriva le 23 février à Nieporent, après avoir passé la Narew sans obstacles.

Le 25 au matin, le soleil trouva les deux armées rangées en bataille. Quarante-cinq mille Polonais faisaient face à plus de cent mille Russes. Le silence régnait dans les deux camps. Rassemblés dans une masure, les généraux polonais tiennent conseil ; mais la partie est trop inégale, et le découragement est dans leurs cœurs. Chlopicki, désespérant du salut de son pays, pleure de rage. Cependant les divisionnaires sont à leurs postes. Skrzynecki occupe le centre avec sa division renforcée par les faucheurs. Szembec est à