Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/275

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faut d’un gouvernement guerrier, un gouvernement novateur. Or, le pouvoir enfanté au hasard par les trois journées, ne vivait que de la haine des innovations et de la crainte d’une guerre. On devait donc s’attendre à quelque explosion terrible ; et dans l’impuissance de la prévenir, on prépara les moyens de la réprimer. On parla d’acheter des armes, d’approvisionner les places fortes, de lever des troupes, de renforcer les garnisons. Les préparatifs de guerre ne s’étaient jamais faits avec tant d’ardeur que depuis qu’il y avait parti pris de laisser dans le fourreau l’épée de la France. Le gouvernement, en effet, avait besoin ou de soldats contre l’Europe, ou de soldats contre l’émeute. La garde nationale elle-même ne suffisait plus aux défiances du pouvoir et à l’impunité de ses fautes.

Mais les armements devaient entraîner des dépenses considérables. Le budget de 1831, présenté par M. Laffitte, vint tout-à-coup montrer la profondeur de l’abîme. Ce budget ne s’élevait pas à moins de un milliard cent soixante-sept millions.

C’étaient trois cents millions ajoutés au fardeau que, sous la Restauration, avait porté le pays.

Au fond, il n’y avait là rien d’effrayant. Car ce qui importe, dans les impôts, c’est moins leur quotité que leur emploi ; et puisqu’on concentrant les capitaux on centuple leur puissance ; entre les mains d’un pouvoir intelligent et probe, les impôts les plus forts sont les plus féconds. Mais, pendant quinze ans, le libéralisme avait combattu sans relâche le principe d’autorité, et les doctrines libérales avaient germé dans les esprits, appuyées qu’elles étaient par