Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/280

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de tendresse, plein de fougue et de charité tout-à-la-fois, ardent et résigné tour-à-tour, chez lui le tribun s’élevait jusqu’à l’apôtre et le soldat juqu’au martyr. Variable, d’ailleurs, dans ses convictions, à force de dévouement et de sincérité, il apportait dans sa passion pour le vrai ce genre de despotisme que donne l’habitude des méditations solitaires ; et sans ménagements pour les erreurs, y compris les siennes, il était prêt à tout oser contre les autres et contre lui-même.

Au sein de cette agitation et en présence de tels adversaires, le pouvoir se rapetissait de jour en jour. Au lieu de se mettre à la tête du mouvement qui emportait les esprits, pour le régler et le diriger, seul moyen d’en prévenir les dangers sans en étouffer la sève, il n’opposait aux idées naissantes que des taquineries ou de l’indifférence. Le ministère de l’intérieur, occupé par M. de Montalivet, était absorbé tout entier par des intrigues de cour, des détails d’administration ou de petite police. Nulle direction venue d’en haut ; nulle initiative vigoureuse. L’autorité ne comptait plus que comme obstacle, et de là son discrédit. Car c’est le sort des gouvernements nés d’une révolution de n’être respectés qu’à la condition de prouver leur importance et de suppléer par l’éclat de leurs services au prestige d’une origine indépendante.

Les chambres, cependant, poursuivaient leurs travaux. Une loi fut portée[1] qui disposait qu’à l’avenir

  1. Loi relative à la composition des cours d’assises et aux déclarations du jury. — Adoptée provisoirement par la chambre des députés, le 11 janvier 1831 ; amendée par la chambre des pairs le 11 février 1831, et définitivement adoptée le 26 février 1831.